HermannEinstein, est né le 30 août 1847 à Buchaun, et meurt le 10 octobre 1902 à Milan. Il épouse Pauline Koch le 8 août 1876. Trois ans plus tard, le 14 mars 1879, Albert Einstein naît dans leur appartement à Ulm en Allemagne ; c’est leur premier enfant. Son intérêt pour la science est éveillé dans son enfance par une boussole
Nous avons exploré la beauté du besoin de préserver son temps. En effet, pourquoi ce besoin est-il si important ? De l’intérêt de préserver notre temps. Voici les résultats de nos réflexions Pour passer mon temps à ne rien ne rien faire, pour flâner, pour vivre un maximum d’ accorder plus de place à ce qui est important pour moi, pour donner plus de sens à ma vie. Ainsi, préserver notre temps nous permet de savourer la vie en ne faisant rien ou de satisfaire des besoins importants pour nous. Pour aller plus loin L’éloge de l’oisiveté de Bertrand Russel en pdf. Si vous avez des remarques, laissez-moi un commentaire. Articles en rapport This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Cookie settingsACCEPT
BERTRANDRUSSEL ÉLOGE DE L'OISIVETÉ (D'après la traduction de Michel Parmentier) Ce livret est gratuit ! Fais le tourner sans pitié ! Un dossier Esprit68 BERTRAND RUSSEL - esprit68.org. Notices gratuites de Bertrand Russel PDF
Le célèbre mathématicien et philosophe Bertrand Russell a tenté d'appliquer la clarté qu'il admirait dans le raisonnement mathématique à la solution de problèmes dans d'autres domaines, en particulier l'éthique et la politique. Dans cet essai, publié pour la première fois en 1932, Russell plaide en faveur d'une journée de travail de quatre heures. Examiner si ses arguments pour la paresse» méritent un examen sérieux aujourd'hui. Éloge de l'oisiveté par Bertrand Russell Comme la plupart de ma génération, j'ai été élevé sur le dicton Satan trouve quelque méfait à faire pour des mains oisives. Étant un enfant très vertueux, j'ai cru tout ce qu'on m'a dit et j'ai acquis une conscience qui m'a permis de travailler dur jusqu'à présent. Mais bien que ma conscience ait contrôlé mes actions, mes opinions ont subi une révolution. Je pense qu'il y a beaucoup trop de travail accompli dans le monde, qu'un immense tort est causé par la croyance que le travail est vertueux et que ce qui doit être prêché dans les pays industriels modernes est très différent de ce qui a toujours été prêché. Tout le monde connaît l'histoire du voyageur de Naples qui a vu douze mendiants allongés au soleil c'était avant l'époque de Mussolini, et a offert une lire aux plus paresseux d'entre eux. Onze d'entre eux se sont levés pour le réclamer, alors il l'a donné au douzième. ce voyageur était sur la bonne voie. Mais dans les pays qui ne jouissent pas du soleil méditerranéen, l'oisiveté est plus difficile, et une grande propagande publique sera nécessaire pour l'inaugurer. J'espère qu'après avoir lu les pages suivantes, les dirigeants du YMCA lanceront une campagne pour inciter les bons jeunes gens à ne rien faire. Si c'est le cas, je n'aurai pas vécu en vain. Avant d'avancer mes propres arguments pour la paresse, je dois en disposer d'un que je ne peux pas accepter. Chaque fois qu'une personne qui a déjà assez de quoi vivre propose de s'engager dans une sorte de travail quotidien, comme l'enseignement scolaire ou la dactylographie, on lui dit qu'une telle conduite prend le pain de la bouche des autres et est donc méchante. Si cet argument était valable, il suffirait que nous soyons tous oisifs pour que nous ayons tous la bouche pleine de pain. Ce que les gens qui disent de telles choses oublient, c'est que ce qu'un homme gagne, il le dépense habituellement et, en dépensant, il donne un emploi. Tant qu'un homme dépense son revenu, il met autant de pain dans la bouche des gens en dépenses qu'il en retire de la bouche des autres pour gagner. Le vrai méchant, de ce point de vue, est l'homme qui sauve. S'il se contente de mettre ses économies dans un bas, comme le proverbe paysan français, il est évident qu'ils ne donnent pas d'emploi. S'il investit son épargne, la question est moins évidente et différents cas se présentent. L'une des choses les plus courantes à faire avec l'épargne est de la prêter à un gouvernement. Compte tenu du fait que la majeure partie des dépenses publiques de la plupart des gouvernements civilisés consiste à payer les guerres passées ou à préparer les guerres futures, l'homme qui prête son argent à un gouvernement est dans la même situation que les hommes mauvais de Shakespeare qui embauchent assassins. Le résultat net des habitudes économiques de l'homme est d'augmenter les forces armées de l'État auquel il prête ses économies. Évidemment, ce serait mieux s'il dépensait de l'argent, même s'il le dépensait pour boire ou pour jouer. Mais, me dira-t-on, le cas est bien différent lorsque l'épargne est investie dans des entreprises industrielles. Lorsque de telles entreprises réussissent et produisent quelque chose d'utile, cela peut être concédé. De nos jours, cependant, personne ne niera que la plupart des entreprises échouent. Cela signifie qu'une grande partie du travail humain, qui aurait pu être consacrée à la production de quelque chose qui pouvait être apprécié, a été consacrée à la production de machines qui, une fois produites, étaient inactives et ne faisaient de bien à personne. L'homme qui investit son épargne dans une entreprise en faillite blesse donc aussi bien les autres que lui-même. S'il dépensait son argent, disons, à faire des fêtes pour ses amis, ils on peut l'espérer auraient du plaisir, tout comme tous ceux à qui il a dépensé de l'argent, comme le boucher, le boulanger et le pirate. Mais s'il le dépense disons en posant des rails pour la carte de surface dans un endroit où les voitures de surface s'avèrent ne pas être recherchées, il a détourné une masse de travail dans des canaux où cela ne fait plaisir à personne. Néanmoins, lorsqu'il deviendra pauvre à cause de l'échec de son investissement, il sera considéré comme une victime d'un malheur immérité, tandis que le dépensier gay, qui a dépensé son argent de manière philanthropique, sera méprisé comme un imbécile et une personne frivole.. Tout cela n'est que préliminaire. Je veux dire, très sérieusement, que beaucoup de mal est fait dans le monde moderne par la croyance en la vertu du travail, et que le chemin du bonheur et de la prospérité réside dans une diminution organisée du travail. Tout d'abord qu'est-ce que le travail? Le travail est de deux types premièrement, la modification de la position de la matière à la surface de la Terre ou à proximité de celle-ci par rapport à une autre de ces matières; deuxièmement, dire aux autres de le faire. Le premier type est désagréable et mal payé; le second est agréable et très bien payé. Le deuxième type peut être prolongé indéfiniment il y a non seulement ceux qui donnent des ordres, mais ceux qui donnent des conseils sur les ordres à donner. Habituellement, deux types de conseils opposés sont donnés simultanément par deux corps organisés d'hommes; c'est ce qu'on appelle la politique. La compétence requise pour ce type de travail n'est pas la connaissance des sujets sur lesquels les conseils sont donnés, mais la connaissance de l'art de parler et d'écrire de manière persuasive, c'est-à-dire de la publicité. Dans toute l'Europe, mais pas en Amérique, il existe une troisième classe d'hommes, plus respectée que l'une ou l'autre des classes de travailleurs. Il y a des hommes qui, grâce à la propriété de la terre, peuvent faire payer à d'autres le privilège de pouvoir exister et travailler. Ces propriétaires fonciers sont inactifs, et je dois donc les féliciter. Malheureusement, leur oisiveté n'est rendue possible que par l'industrie des autres; en effet, leur désir de paresse confortable est historiquement la source de tout l'évangile du travail. La dernière chose qu'ils aient jamais souhaitée, c'est que les autres suivent leur exemple. Suite à la page deux Suite de la première pageDu début de la civilisation jusqu'à la révolution industrielle, un homme ne pouvait, en règle générale, produire par un travail acharné guère plus que ce qui était nécessaire à sa subsistance et à celle de sa famille, bien que sa femme ait travaillé au moins aussi durement que lui et les enfants ont ajouté leur travail dès qu'ils étaient en âge de le faire. Le petit surplus au-dessus des nécessités nues n'était pas laissé à ceux qui le produisaient, mais il était approprié par les guerriers et les prêtres. En période de famine, il n'y avait pas d'excédent; les guerriers et les prêtres, cependant, ont obtenu autant que d'autres fois, de sorte que de nombreux travailleurs sont morts de faim. Ce système a persisté en Russie jusqu'en 1917 [1], et persiste encore à l'Est; en Angleterre, malgré la révolution industrielle, il est resté en vigueur tout au long des guerres napoléoniennes, et jusqu'à il y a cent ans, lorsque la nouvelle classe de fabricants a acquis le pouvoir. En Amérique, le système a pris fin avec la Révolution, sauf dans le Sud, où il a persisté jusqu'à la guerre civile. Un système qui a duré si longtemps et qui s'est terminé si récemment a naturellement laissé une profonde impression sur les pensées et les opinions des hommes. Une grande partie de ce que nous tenons pour acquis quant à l'opportunité du travail dérive de ce système et, étant préindustriel, n'est pas adapté au monde moderne. La technique moderne a permis au loisir, dans certaines limites, d'être non pas l'apanage de petites classes privilégiées, mais un droit uniformément réparti dans toute la communauté. La morale du travail est la morale des esclaves, et le monde moderne n'a pas besoin de l'esclavage. Il est évident que, dans les communautés primitives, les paysans livrés à eux-mêmes ne se seraient pas départis du mince surplus sur lequel subsistaient les guerriers et les prêtres, mais auraient soit produit moins, soit consommé plus. Au début, la force pure les a obligés à produire et à se séparer du surplus. Peu à peu, cependant, il a été possible d’inciter nombre d’entre eux à accepter une éthique selon laquelle il était de leur devoir de travailler dur, même si une partie de leur travail consistait à soutenir les autres dans l’oisiveté. De cette façon, la contrainte nécessaire a été réduite et les dépenses du gouvernement ont diminué. À ce jour, 99 pour cent des salariés britanniques seraient véritablement choqués s'il était proposé que le roi ne dispose pas d'un revenu supérieur à celui d'un travailleur. La conception du devoir, parlant historiquement, a été un moyen utilisé par les détenteurs du pouvoir pour inciter les autres à vivre pour les intérêts de leurs maîtres plutôt que pour les leurs. Bien sûr, les détenteurs du pouvoir se cachent ce fait en parvenant à croire que leurs intérêts sont identiques aux intérêts plus larges de l'humanité. Parfois c'est vrai; Les propriétaires d'esclaves athéniens, par exemple, consacraient une partie de leurs loisirs à apporter une contribution permanente à la civilisation, ce qui aurait été impossible dans un système économique juste. Le loisir est essentiel à la civilisation, et dans le passé, le loisir de quelques-uns n'était rendu possible que par les travaux du plus grand nombre. Mais leurs travaux étaient précieux, non pas parce que le travail est bon, mais parce que les loisirs sont bons. Et avec la technique moderne, il serait possible de répartir les loisirs équitablement sans nuire à la civilisation. La technique moderne a permis de réduire énormément la quantité de travail requise pour assurer les nécessités de la vie de chacun. Cela a été rendu évident pendant la guerre. À cette époque, tous les hommes des forces armées et tous les hommes et toutes les femmes engagés dans la production de munitions, tous les hommes et toutes les femmes engagés dans l'espionnage, la propagande de guerre ou les bureaux du gouvernement liés à la guerre ont été retirés des activités productives. Malgré cela, le niveau général de bien-être des salariés non qualifiés du côté des Alliés était plus élevé qu'avant ou depuis. L'importance de ce fait était cachée par la finance l'emprunt donnait l'impression que l'avenir nourrissait le présent. Mais cela, bien sûr, aurait été impossible; un homme ne peut pas manger une miche de pain qui n'existe pas encore. La guerre a montré de manière concluante que, grâce à l'organisation scientifique de la production, il est possible de maintenir les populations modernes dans un bon confort sur une petite partie de la capacité de travail du monde moderne. Si, à la fin de la guerre, l'organisation scientifique, qui avait été créée pour libérer les hommes pour les combats et les travaux de munitions, avait été préservée et les heures de la semaine réduites à quatre, tout aurait été bien . Au lieu de cela, l'ancien chaos a été restauré, ceux dont le travail était demandé ont dû travailler de longues heures, et les autres ont dû mourir de faim comme chômeurs. Pourquoi? Parce que le travail est un devoir, et qu'un homme ne devrait pas recevoir un salaire proportionnel à ce qu'il a produit, mais proportionné à sa vertu comme en témoigne son industrie. Telle est la moralité de l'État esclave, appliquée dans des circonstances totalement différentes de celles dans lesquelles il est né. Pas étonnant que le résultat ait été désastreux. Prenons une illustration. Supposons qu'à un moment donné, un certain nombre de personnes soient engagées dans la fabrication d'épingles. Ils fabriquent autant d'épingles que le monde en a besoin, travaillant disons huit heures par jour. Quelqu'un fait une invention grâce à laquelle le même nombre d'hommes peut fabriquer deux fois plus d'épingles les épingles sont déjà si bon marché que presque plus ne seront achetées à un prix inférieur. Dans un monde sensé, toutes les personnes concernées par la fabrication d'épingles prendraient quatre heures au lieu de huit, et tout le reste continuerait comme avant. Mais dans le monde réel, cela serait considéré comme démoralisant. Les hommes travaillent encore huit heures, il y a trop d'épingles, certains employeurs font faillite, et la moitié des hommes qui s'occupaient auparavant de fabriquer des épingles sont licenciés. Il y a, en fin de compte, autant de loisirs que sur l'autre plan, mais la moitié des hommes sont totalement inactifs tandis que la moitié est encore surmenée. De cette façon, il est assuré que le loisir inévitable causera la misère tout autour au lieu d'être une source universelle de bonheur. Peut-on imaginer quelque chose de plus fou? Suite à la page trois Suite de la page deuxL'idée que les pauvres devraient avoir des loisirs a toujours choqué les riches. En Angleterre, au début du dix-neuvième siècle, quinze heures étaient le travail ordinaire d'un homme; les enfants en faisaient parfois autant, et très souvent douze heures par jour. Lorsque des corps occupés et indiscrets ont suggéré que ces heures étaient peut-être assez longues, on leur a dit que le travail empêchait les adultes de boire et les enfants de mal. Quand j'étais enfant, peu de temps après que les ouvriers urbains eurent obtenu le vote, certains jours fériés étaient institués par la loi, au grand dam des classes supérieures. Je me souviens avoir entendu une vieille duchesse dire Que veulent les pauvres en vacances? Ils devraient travailler. De nos jours, les gens sont moins francs, mais le sentiment persiste et est à l'origine d'une grande partie de notre confusion économique.
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TéléchargerÉloge de l'oisiveté PDF Bertrand Russell - Les méthodes de production modernes nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l'aisance et la sécurité. Nous avons choisi à la place le surmenage pour les uns et la misère pour les autres: en cela nous nous sommes montrés bien bêtes mais il n'y a pas de raison Travail forcé et éthos du travail Claus Peter Ortlieb* Voir le Fichier C_P_Ortlieb_Travai Les méthodes de production modernes ont rendu possibles le confort et la sécurité pour tous ; à la place, nous avons choisi le surmenage pour les uns et la famine pour les autres. Jusqu’à présent nous avons continué à déployer la même activité qu’au temps où il n’y avait pas de machines ; en cela nous nous sommes montrés stupides, mais rien ne nous oblige à persévérer éternellement dans cette stupidité. » Bertrand Russell, Eloge de l’oisiveté, 1932 Quatre-vingt ans et une crise économique mondiale plus tard, notre intelligence n’a manifestement guère progressé, au contraire si depuis lors la productivité du travail dans l’industrie et l’agriculture s’est vue grosso modo décuplée, on ne peut pas dire qu’elle ait apporté à tous confort et sécurité. L’Europe, qui certes, pour le moment, s’est sort encore relativement bien, assiste à une hausse record de son taux de chômage. Quant aux quelques îlots qui demeurent compétitifs au plan global, ils luttent depuis des années déjà contre les nouvelles pandémies provoquées par la contraction progressive de l’offre de travail du burn-out-syndrom[1] à la mort subite due au surmenage en passant par la consommation routinière de produits psychopharmaceutiques. Gardons-nous cependant d’imaginer que cette ardeur excessive au travail constatée par Russell ne serait rien d’autre qu’une habitude devenue obsolète et qu’il nous suffirait de laisser tomber – une habitude héritée du temps où il n’y avait pas de machines. Au Moyen Age, où le travail comme fin en soi était chose inconnue, on travaillait en fait moins qu’aujourd’hui. La raison en est simple le travail tel que nous l’entendons, c’est-à-dire la dépense abstraite d’énergie humaine indépendamment de tout contenu particulier, est historiquement spécifique. On ne le rencontre que sous le capitalisme. Dans n’importe quelle autre formation sociale, l’idée aujourd’hui si universellement répandue selon laquelle un travail, quel qu’il soit, vaut mieux que pas de travail » aurait paru, à juste titre, complètement délirante. Ce délire est le principe abstrait qui régit les rapports sociaux sous le capitalisme. Si l’on fait abstraction des activités criminelles, le travail – qu’il s’agisse du nôtre ou de l’appropriation de celui d’autrui – est pour nous l’unique moyen de participer à la société. Mais, en même temps, il ne dépend pas du contenu de l’activité en question ; que je fasse pousser des pommes de terre ou que je fabrique des bombes à fragmentation n’a aucune importance, du moment que mon produit trouve un acheteur et transforme ainsi mon argent en davantage d’argent. Base de la valorisation de la valeur, le travail constitue une fin en soi et un principe social contraignant dont l’unique but consiste à accumuler toujours plus de travail mort » sous forme de capital. Une contrainte à laquelle tout est soumis dans la même mesure ne se maintiendra durablement qu’à condition que ceux qu’elle ligote apprennent à aimer leurs chaînes. En cela aussi la société bourgeoise se distingue des précédentes. D’Aristote à Thomas d’Aquin en passant par Augustin, les philosophes de l’Antiquité et du Moyen Age ont célébré l’oisiveté – et surtout pas le travail – comme la voie menant à une vie heureuse Au dire de la plupart des hommes, le bonheur ne va pas sans le plaisir. » Aristote 384 – 322 av. Ethique à Nicomaque L’apprentissage de la vertu est incompatible avec une vie d’artisan et de manœuvre. » Aristote, Politique Quittons ces vaines et creuses occupations abandonnons tout le reste pour la recherche de la vérité. » Augustin 354 – 430 ap. Les Confessions Absolument et de soi la vie contemplative est plus parfaite que la vie active. » Thomas d’Aquin 1125 – 1274, Somme théologique D’autres ne seront pas du même avis, tels par exemple les fondateurs de certains ordres monastiques qui verront dans le travail un moyen d’atteindre l’ascèse et l’abstinence. Mais c’est seulement au protestantisme qu’il reviendra d’en faire un principe à grande échelle, appliqué à l’ensemble de la population L’oisiveté est péché contre le commandement de Dieu, car Il a ordonné qu’ici-bas chacun travaille. » Martin Luther 1483 – 1546 Et les Lumières n’auront de cesse d’élever l’éthos du travail, autrement dit l’obligation morale de travailler, au rang de fin en soi Il est de la plus haute importance que les enfants apprennent à travailler. L’homme est le seul animal qui doit travailler. » Kant, Réflexions sur l’éducation, 1803 La plus grande perfection morale possible de l’homme est de remplir son devoir et par devoir. » Kant, Principes métaphysiques de la morale, 1797 Il n’existe qu’une seule échappatoire au travail faire travailler les autres pour soi. » Kant, Critique du jugement, 1790 De ces trois vices la paresse, la lâcheté, la fausseté, le premier semble être le plus méprisable. » Kant, Anthropologie d’un point de vue pragmatique, 1798 Que l’on s’informe tout particulièrement sur les personnes qui se distinguent par une conduite indigne ! On découvrira invariablement soit qu’elles n’ont pas appris à travailler, soient qu’elles fuient le travail. » Fichte, Discours à la nation allemande, 1807 Comme il apparaît déjà dans les dernières citations, l’amour du travail s’avère étroitement lié à la haine des oisifs Chacun doit pouvoir vivre de son travail, dit un principe avancé. Ce pouvoir-vivre est donc conditionné par le travail et n’existe nullement là où la condition ne serait pas remplie. » Fichte, Fondement du droit naturel, 1796 Dans les pays chauds, l’homme est mûr plus tôt à tous égards mais n’atteint pas la perfection des zones tempérées. L’humanité dans sa plus grande perfection se trouve dans la race blanche. Les Indiens jaunes n’ont que peu de capacités, les Noirs leur sont bien inférieurs encore, et au plus bas de l’échelle se placent certaines peuplades américaines. » Kant, Géographie physique, 1802 Le barbare est paresseux et se distingue de l’homme civilisé en ceci qu’il reste plongé dans son abrutissement, car la formation pratique consiste précisément dans l’habitude et dans le besoin d’agir. » Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1820 Ces propos excluants et racistes sous la plume des philosophes des Lumières ne sont nullement de simples accidents de parcours mais relèvent au contraire de l’essence même de l’idéologie du travail. Parce que ce courant de pensée transfigure le travail en véritable but de l’existence de l’homme », tous les désœuvrés se voient par contrecoup exclus de la race humaine » l’homme est tenu de travailler ; partant, celui qui ne travaille pas ne peut prétendre au statut d’être humain à part entière. Ce qui s’exprime ici, c’est la colère du bourreau de travail blanc envers la pression qu’il s’est lui-même imposée, une colère qui prend pour cible tout ce qui fait mine de ne pas se soumettre à ladite pression et de mener une existence oisive les femmes, en charge de la vraie vie » au sein de la sphère privée – dissociée du travail – de la famille bourgeoise ; toutes sortes de peuples les attributions sont, cette fois, plus variées vivant, sans travailler, d’amour et d’eau fraîche ; ou encore le capital accapareur[2] », qui s’approprie sans travailler la survaleur créée par d’autres. Les idéologies modernes du sexisme, du racisme, de l’antitsiganisme et de l’antisémitisme sont fondées, elles aussi, sur l’éthos du travail. A partir des années 1970, en faisant disparaître du procès de production des quantités toujours croissantes de travail, le potentiel de rationalisation de la microélectronique a plongé le capitalisme dans la crise. Pour autant, la pression intérieure et extérieure qui pousse les hommes à travailler n’a pas diminué mais s’est même au contraire accentuée à mesure que se raréfiaient les emplois ». Pour les laissés pour compte, les conditions se sont durcies ils sont désormais trop nombreux pour que leur entretien humain reste longtemps encore compatible avec le maintien de la compétitivité au plan global. La nécessité incontournable de ramener les hommes au travail » Angela Merkel ne fait qu’obscurcir la perception du problème la responsabilité du chômage ne serait plus imputable à la disparition progressive du travail mais aux chômeurs eux-mêmes, qu’il faudrait par conséquent ramener, par tous les moyens de coercition dont on dispose, à un travail qui n’existe plus. Quelque chose de semblable se déroule également au niveau européen on impose aux pays en faillite » restés à la traîne de l’Europe des politiques d’austérité grâce auxquelles ils sont censés, une fois cette pénible épreuve traversée, redevenir compétitifs. C’est aussi crédible que si la Fédération allemande de football prétendait, par un entraînement approprié, hisser tous à la fois les dix-huit clubs de la Bundesliga[3] aux quatre places possibles en Ligue des champions[4]. Il n’y a manifestement d’issue que dans l’abolition du travail, mais cela implique bien sûr d’abolir également le capitalisme. S’y oppose en outre notre éthos du travail, fruit de plusieurs siècles de dressage D’aucuns diront qu’il est certes agréable d’avoir un peu de loisir, mais que les gens ne sauraient pas comment remplir leurs journées s’ils n’avaient à travailler que quatre heures par jour. Dans la mesure où cela est vrai dans le monde moderne, cela constitue un reproche adressé à notre civilisation ; à toute autre époque antérieure, ce n’aurait pas été le cas. » Bertrand Russell, Eloge de l’oisiveté, 1932 Le sort que Hegel assignait aux barbares » nous revient donc celui qui est sans emploi n’a plus qu’à rester plongé dans son abrutissement ». Autrement dit si le sujet bourgeois répugne tellement à imaginer sa vie sans le travail, c’est aussi parce que derrière son éthos du travail rôde la peur panique de sa propre vacuité. Version augmentée du texte publié dans Konkret, n°5, 2012 Traduction de l’allemand Sînziana [1]Ndt Syndrome d’épuisement professionnel. [2]Ndt Allusion à la vision nazie mais qui est aussi celle d’une partie de la gauche opposant un bon capital créateur schaffende Kapital à un mauvais capital accapareur raffende Kapital. [3]Ndt Le championnat fédéral allemand. [4]Ndt Le championnat européen. Léloge de l’oisiveté en révèle l’intérêt social. Bertrand Russell affirme que l’individu a besoin du loisir pour accéder aux meilleures choses de la vie, ce que les travailleurs reconnaissent eux-mêmes. La pénibilité du travail n’est pas une fin en soi, elle n’est que le moyen de sa propre suppression, c’est-à-dire d’une existence plus heureuse. Bonjour j'ai vraiment besoin d'aide pour ce commentaire j'ai vraiment du mal. Je ne sais pas par quoi commencer. Vous êtes ma dernière chance. Merci d'avance. Voici le texte De toute évidence, s’ils avaient été laissés à eux-mêmes, les paysans des collectivités primitives ne se seraient jamais dessaisis du maigre excédent qui devait être consacré à la subsistance des prêtres et des guerriers, mais aurait soit réduit leur production, soit augmenté leur consommation. Au début, c’est par la force brute qu’ils furent contraints de produits ce surplus et de s’en démunir. Peu à peu cependant, on s’aperçut qu’il était possible de faire accepter à bon nombre d’entre eux une éthique selon laquelle il était de leur devoir de travailler dur, même si une partie de leur travail servait à entretenir d’autres individus dans l’oisiveté. De la sorte, la contrainte à exercer était moindre, et les dépenses du gouvernement en étaient diminuées d’autant. Encore aujourd’hui, 99 % des salariés britanniques seraient véritablement choqués si l’on proposait que le roi ne puisse jouir d’un revenu supérieur à celui d’un travailleur. La notion de devoir, point de vue historique s’entend, fut un moyen qu’ont employé les puissants pour amener les autres à consacrer leur vie aux intérêts de leurs maîtres plutôt qu’aux leurs. Bien entendu, ceux qui détiennent le pouvoir se masquent cette réalité à eux-mêmes en se persuadant que leurs intérêts coïncident avec ceux de l’humanité tout entière. C’est parfois vrai les Athéniens qui possédaient des esclaves, par exemple, employèrent une partie de leurs loisirs à apporter à la civilisation une contribution permanente, ce qui aurait été impossible sous un régime économique équitable. Le loisir est indispensable à la civilisation, et, jadis, le loisir d’un petit nombre n’était possible que grâce au labeur du grand nombre. Mais ce labeur avait de la valeur, non parce que le travail est une bonne chose, mais parce que le loisir est une bonne chose. Grâce à la technique moderne, il serait possible de répartir le loisir de façon équitable sans porter préjudice à la civilisation. La technique moderne a permis de diminuer considérablement la somme de travail requise pour procurer à chacun les choses indispensables à la vie. La preuve en fut faite durant la guerre. Au cours de celle-ci, tous les hommes mobilisés sous les drapeaux, tous les hommes et toutes les femmes affectés soit à la production de munitions, soit encore à l’espionnage, à la propagande ou à un service administratif relié à la guerre, furent retirés des emplois productifs. Malgré cela, le niveau de bien-être matériel de l’ensemble des travailleurs non- spécialisés côté des Alliés était plus élevé qu’il ne l’était auparavant ou qu’il ne l’a été depuis. La portée de ce fait fut occultée par des considérations financières les emprunts donnèrent l’impression que le futur nourrissait le présent. Bien sûr, c’était là chose impossible personne ne peut manger un pain qui n’existe pas encore. La guerre a démontré de façon concluante que l’organisation scientifique de la production permet de subvenir aux besoins des populations modernes en n’exploitant qu’une part minime de la capacité de travail du monde actuel. Si, à la fin de la guerre, cette organisation scientifique laquelle avait été mise au point pour dégager un bon nombre d’hommes afin qu’ils puissent être affectés au combat ou au service des munitions avait été préservée, et si on avait pu réduire à quatre le nombre d’heures de travail, tout aurait été pour le mieux. Au lieu de quoi, on en est revenu au vieux système chaotique où ceux dont le travail était en demande devaient faire de longues journées tandis qu’on n’abandonnait le reste au chômage et à la faim. Pourquoi ? Parce que le travail est un devoir et que le salaire d’un individu ne doit pas être proportionné à ce qu’il produit, mais proportionné à sa vertu, laquelle se mesure à son industrie.
Russell Éloge de l’oisiveté. Routledge and The Bertrand Russell Peace Fondation, 1932. Traduction française: Éditions Allia, Paris, 2002. britannique né en 1872 et mort 1970. Il est issu de la petite noblesse anglaise et a été élevé dans le respect de la tradition, le goût de la culture et la recherche de la connaissance. Il mène une vie extrêmement riche et
★★★★☆ étoiles sur 5 de 775 notesEloge de l'oisiveté Petite Collection - de Bertrand RUSSELL AuthorCaractéristiques Eloge de l'oisiveté Petite CollectionLe paragraphe suivant répertorie des faits communes concernant Eloge de l'oisiveté Petite CollectionLe Titre Du LivreEloge de l'oisiveté Petite CollectionDate de ParutionTraducteurNazam EwenChiffre de Pages326 PagesTaille du MBLangue du LivreAnglais et FrançaisÉditeurSt. Dominic's PressISBN-100182519330-CPTType de E-BookEPub PDF AMZ AFP ODOCde AuteurBertrand RUSSELLEAN530-4259514233-KFVNom de FichierEloge-de-l'oisiveté-Petite-Collection.pdfTélécharger Eloge de l'oisiveté Petite Collection Livre PDF GratuitAvec ce livre écrit en 1930 l’éditeur poursuit son propre éloge de la paresse pour installer une véritable collection Et dans ce livre comme dans les autres c’est la morale du travail de l’Etat esclavagiste» qui est stigmatisée l’oisiveté étant supposée nous en libérerIf looking for a ebook by Sénèque Éloge de loisiveté La Petite Collection French Edition in pdf form then you have come on to the correct websiteL’oisiveté otium n’était pas pour les Romains un vilain défaut mais au contraire le contrepoint nécessaire au negotium à l’activité celle des affaires courantes et extraordinaires qui dilapident le temps et exacerbent les passionsEloge de lOisiveté Petite Collection de Bertrand Russel Poche Commandez cet article chez Eloge de loisivete Bertrand Russel Allia Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec 5 de réduction ou téléchargez la version eBookFormat Broché EAN13 9782844850836 ISBN 9782844850836 Éditeur Éditions Allia Date de publication 26012002 Collection Petite collection Nombre de pagesAcheter le livre Eloge de loisiveté Bertrand Russell Éditions Allia Petite collection 9782844850836 Découvrez notre rayon Essais Littéraires “Les méthodes de production modernes nous
EpaperPDF; Plus . RECHERCHER ; Mots-clés. Publicité. Fil d'Ariane. Accueil; Culture; Bertrand Russell: Eloge de l'oisiveté Bertrand Russell: Eloge de l'oisiveté Trad. de Michel ParmentierAllia, 40 p. Isabelle Rüf. Publié samedi 16 février 2002 à 01:32
Les méthodes de production modernes nous ont la possibilité pour l’ensemble de la vie à la hausse et à la sécurité. Nous avons décidé, à la place de la surcharge de travail pour les deux parties et de la misère pour tous les autres ce que nous avons à juste titre stupide, mais il n’y a aucune raison de notre bêtise continuer éternellement. Téléchargez gratuitement le livre Eloge de l’oisiveté, publié le 18/01/2002 par l'éditeur Allia en format .epub ou .pdf. Le fichier a des 38 pages et sa taille est de 182kb fichier .epub.Télécharger .epubTélécharger .pdfAcheter chez Amazon
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Bertrand Russell Avant de lire la suite, je vous invite à regarder la pièce de Dominique Rongvaux intitulée “Éloge de l’oisiveté” Bertrand Russell traduit par M. Parmentier Ainsi que la plupart des gens de ma génération, j’ai été élevé selon le principe que l’oisiveté est mère de tous vices. Comme j’étais un enfant pétris de vertu, je croyais tout ce qu’on me disait, et je me suis ainsi doté d’une conscience qui m’a contraint à peiner au travail toute ma vie. Cependant, si mes actions ont toujours été soumises à ma conscience, mes idées, en revanche, ont subi une révolution. En effet, j’en suis venu à penser que l’on travaille beaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et qu’il importe à présent de faire valoir dans les pays industrialisés un point de vue qui diffère radicalement des préceptes traditionnels. Tout le monde connaît l’histoire du voyageur qui, à Naples, vit 12 mendiants étendus au soleil c’était avant Mussolini, et proposa une lire à celui qui se montrerait le plus paresseux. 11 d’entre eux bondirent pour venir la lui réclamer il la donna donc au 12e. Ce voyageur était sur la bonne piste. Toutefois, dans les contrées qui ne bénéficient pas du soleil méditerranéen, l’oisiveté est chose plus difficile, et il faudra faire beaucoup de propagande auprès du public pour l’encourager à la cultiver. J’espère qu’après avoir lu les pages qui suivent, les dirigeants du YMCA lanceront une campagne afin d’inciter les jeunes gens honnêtes à ne rien faire, auquel cas je n’aurais pas vécu en vain. Avant d’exposer mes arguments en faveur de la paresse, il faut que je réfute un raisonnement que je ne saurais accepter. Quand quelqu’un a déjà suffisamment d’argent pour vivre envisage de prendre un emploi ordinaire, d’enseignants ou de dactylos par exemple, on lui dit que cela revient à ôter le pain de la bouche à quelqu’un d’autre et que c’est donc mal faire. Si ce raisonnement était valide, nous n’aurions tous qu’à demeurer oisifs pour avoir du pain plein la bouche. Ce qu’oublient ceux qui avancent de telles choses, c’est que normalement on dépense ce que l’on gagne, et qu’ainsi on crée de l’emploi. Tant qu’on dépense son revenu, on met autant de pain dans la bouche des autres en dépensant qu’on en retire en gagnant de l’argent. Le vrai coupable, dans cette perspective, c’est l’épargnant. S’il se contente de garder ses économies dans un bas de laine, il est manifeste que celles-ci ne contribuent pas à l’emploi. Si, par contre, ils les investit, cela devient plus compliqué, et divers cas se présentent. L’une des choses les plus banales que l’on puisse faire de ses économies, c’est de les traiter à l’État. Étant donné que le gros des dépenses publiques de la plupart des États civilisés est consacrés soit au remboursement des dettes causées par des guerres antérieures, soit à la préparation de guerres à venir, celui qui prête son argent à l’État se met dans une situation similaire à celle des vilains personnages qui, dans les pièces de Shakespeare, en gage des assassins. En fin de compte, le produit de son économie sert à accroître les forces armées de l’État auquel il prête ses épargnes. De toute évidence, il vaudrait mieux qu’ils dépensent son pécule, quitte à le jouer ou à le boire. Mais, me direz-vous, le cas est totalement différent si l’épargne est investie dans des entreprises industrielles. C’est vrai, du moins quand de telles entreprises réussissent et produisent quelque chose d’utile. Cependant, de nos jours, nul ne peut nier que la plupart des entreprises échouent. Ce qui veut dire qu’une grande partie du travail humain aurait pu être consacrée à produire quelque chose d’utile et agréable s’est dissipée dans la fabrication de machines qui, une fois fabriquées, sont restés inutilisées sans profiter à personne. Celui qui investit ses économies dans une entreprise qui fait faillite cause donc du tort aux autres autant qu’à lui-même. Si, par exemple, il dépensait son argent en fêtes pour ses amis, ceux-ci on peut l’espérer en retireraient du plaisir, ainsi d’ailleurs que tous ceux chez qui il s’approvisionnerait, comme le boucher, le boulanger et le bootlegger. Mais s’il le dépense, par exemple, pour financer la pose de rails de tramway en un endroit où il n’en a que faire, il a dévié une somme de travail considérable dans des voies où ce travail ne procure de plaisir à personne. Néanmoins, quand la faillite de son investissement l’aura réduit à la pauvreté, on le considérera comme la victime d’un malheur immérité, tandis que le joyeux prodigue, malgré le caractère philanthropique de ses dépenses, sera méprisé pour sa bêtise et sa frivolité. Tout ceci n’est que préambule. Pour parler sérieusement, ce que je veux dire, c’est que le fait de croire que le TRAVAIL est une vertu est la cause de grands mots dans le monde moderne, et que la voie bonheur et de la prospérité passe par une diminution méthodique du travail. Et d’abord, qu’est-ce que le travail ? Il existe deux types de travail le premier consiste à déplacer une certaine quantité de matière se trouvant à la surface de la terre, ou dans le sol même ; le second, à dire à quelqu’un d’autre de le faire. Le premier type de travail est désagréable et mal payé ; le second est agréable et très bien payé. Le second type de travail peut s’étendre de façon illimitée il y a non seulement ceux qui donnent des ordres, mais aussi ceux qui donnent des conseils sur le genre d’ordres à donner. Normalement, deux sortes de conseils sont donnés simultanément par deux groupes organisés c’est ce qu’on appelle la politique. Il n’est pas nécessaire pour accomplir ce type de travail de posséder des connaissances dans le domaine où l’on dispense des conseils ce qu’il faut par contre, c’est maîtriser l’art de persuader par la parole et par l’écrit, c’est-à-dire l’art de la publicité. Partout en Europe, mais pas en Amérique, il existe une troisième classe d’individus, plus respectée que ne l’est aucune des deux autres. Ce sont des gens qui, parce qui possèdent des terres, sont en mesure de faire payer aux autres le privilège d’être autorisés à exister et à travailler. Ces propriétaires fonciers sont des oisifs et on pourrait donc s’attendre à ce que j’en fasse l’éloge. Malheureusement, leur oisiveté n’est rendue possible que par l’industrie des autres ; en fait, leur désir d’une oisiveté confortable est, d’un point de vue historique, la source même du dogme du travail. La dernière chose qu’ils voudraient serait que d’autres suivent leur exemple. Depuis le début de la civilisation jusqu’à la Révolution industrielle, en règle générale, un homme ne pouvait guère produire par son labeur plus qu’il ne lui fallait, à lui et à sa famille, pour subsister même si sa femme peinait à la tâche au moins autant que lui, et si ses enfants se joignaient à eux des petits en étaient capables. Le peu d’excédent qui restait lorsqu’on avait assuré les choses essentielles de la vie n’était pas concerné par ceux qui l’avaient produit c’étaient les guerriers et les prêtres se l’appropriaient. Par temps de famine, il n’y avait pas d’excédent, mais les prêtres et les guerriers prélevaient leur dû comme de rien n’était, en sorte que nombre de travailleurs mourait de faim. C’est le système que connut la Russie jusqu’en 1917 et qui perdure encore en Orient. En Angleterre, malgré la Révolution industrielle, il continua à sévir tout au long des guerres napoléoniennes et jusque dans les années 1830, qui virent la montée d’une nouvelle classe de manufacturiers. En Amérique, il prit fin avec la Révolution, sauf dans le Sud, où il se perpétua jusqu’à la Guerre de Sécession. Un système qui a duré aussi longtemps et qui n’a pris fin que si récemment a naturellement laissé une marque profonde dans les pensées et les opinions des gens. La plupart de nos convictions quant aux avantages du travail sont issus de ce système étant donné leurs origines pré-industrielles, il est évident que ces idées ne sont pas adaptées au monde moderne. La technique moderne a permis aux loisirs, jusqu’à un certain point, de cesser d’être la prérogative des classes privilégiées minoritaires pour devenir un droit également réparti dans l’ensemble de la collectivité. La morale travail est une morale d’esclave, et le monde moderne n’a nul besoin de l’esclavage. De toute évidence, s’ils avaient été laissés à eux mêmes, les paysans des collectivités primitives ne se seraient jamais dessaisis du maigre excédent qui devait être consacré à la subsistance des prêtres et des guerriers, mais aurait soit réduit leur production, soit augmenté leur consommation. Au début, c’est par la force brute qu’ils furent contraints de produits ce surplus et de s’en démunir. Peu à peu cependant, on s’aperçut qu’il était possible de faire accepter à bon nombre d’entre eux une éthique selon laquelle il était de leur devoir de travailler dur, même si une partie de leur travail servait à entretenir d’autres individus dans l’oisiveté. De la sorte, la contrainte à exercer était moindre, et les dépenses du gouvernement en étaient diminuées d’autant. Encore aujourd’hui, 99 % des salariés britanniques seraient véritablement choqués si l’on proposait que le roi ne puisse jouir d’un revenu supérieur à celui d’un travailleur. La notion de devoir, point de vue historique s’entend, fut un moyen qu’ont employé les puissants pour amener les autres à consacrer leur vie aux intérêts de leurs maîtres plutôt qu’aux leurs. Bien entendu, ceux qui détiennent le pouvoir se masquent cette réalité à eux-mêmes en se persuadant que leurs intérêts coïncident avec ceux de l’humanité tout entière. C’est parfois vrai les Athéniens qui possédaient des esclaves, par exemple, employèrent une partie de leurs loisirs à apporter à la civilisation une contribution permanente, ce qui aurait été impossible sous un régime économique équitable. Le loisir est indispensable à la civilisation, et, jadis, le loisir d’un petit nombre n’était possible que grâce au labeur du grand nombre. Mais ce labeur avait de la valeur, non parce que le travail est une bonne chose, mais parce que le loisir est une bonne chose. Grâce à la technique moderne, il serait possible de répartir le loisir de façon équitable sans porter préjudice à la civilisation. La technique moderne a permis de diminuer considérablement la somme de travail requise pour procurer à chacun les choses indispensables à la vie. La preuve en fut faite durant la guerre. Au cours de celle-ci, tous les hommes mobilisés sous les drapeaux, tous les hommes et toutes les femmes affectés soit à la production de munitions, soit encore à l’espionnage, à la propagande ou à un service administratif relié à la guerre, furent retirés des emplois productifs. Malgré cela, le niveau de bien-être matériel de l’ensemble des travailleurs nonspécialisés côté des Alliés était plus élevé qu’il ne l’était auparavant ou qu’il ne l’a été depuis. La portée de ce fait fut occultée par des considérations financières les emprunts donnèrent l’impression que le futur nourrissait le présent. Bien sûr, c’était là chose impossible personne ne peut manger un pain qui n’existe pas encore. La guerre a démontré de façon concluante que l’organisation scientifique de la production permet de subvenir aux besoins des populations modernes en n’exploitant qu’une part minime de la capacité de travail du monde actuel. Si, à la fin de la guerre, cette organisation scientifique laquelle avait été mise au point pour dégager un bon nombre d’hommes afin qu’ils puissent être affectés au combat ou au service des munitions avait été préservée, et si on avait pu réduire à quatre le nombre d’heures de travail, tout aurait été pour le mieux. Au lieu de quoi, on en est revenu au vieux système chaotique où ceux dont le travail était en demande devaient faire de longues journées tandis qu’on n’abandonnait le reste au chômage et à la faim. Pourquoi ? Parce que le travail est un devoir et que le salaire d’un individu ne doit pas être proportionné à ce qu’il produit, mais proportionné à sa vertu, laquelle se mesure à son industrie. On reconnaît la morale de l’État esclavagiste, mais s’appliquant cette fois dans des circonstances qui n’ont rien à voir avec celles dans lesquelles celui-ci a pris naissance. Comment s’étonner que le résultat est été désastreux. Prenons un exemple. Supposons qu’à un moment donné, un certain nombre de gens travaillent à fabriquer des épingles. Ils fabriquent autant d’épingles qu’il en faut dans le monde entier, en travaillant, disons, huit heures par jour. Quelqu’un met au point une invention qui permet au même nombre de personnes de faire deux fois plus d’épingles auparavant. Bien, mais le monde n’a pas besoin de deux fois plus d’épingles les épingles sont déjà si bon marché qu’on n’en achètera guère davantage même si elles coûtent moins cher. Dans un monde raisonnable, tous ceux qui sont employés dans cette industrie se mettraient à travailler quatre heures par jour plutôt que huit, et tout irait comme avant. Mais dans le monde réel, on craindrait que cela ne démoralise les travailleurs. Les gens continuent donc à travailler huit heures par jour, il y a trop d’épingles, des employeurs font faillite, et la moitié des ouvriers perdent leur emploi. Au bout du compte, la somme de loisirs est la même dans ce cas-ci que dans l’autre, sauf que la moitié des individus concernés en sont réduits à l’oisiveté totale, tandis que l’autre moitié continue à trop travailler. On garantit ainsi que le loisir, par ailleurs inévitable, sera cause de misère pour tout le monde plutôt que d’être une source de bonheur universel. Peut-on imaginer plus absurde ? L’idée que les pauvres puissent avoir des loisirs a toujours choqué les riches. En Angleterre, au XIXe siècle, la journée de travail normal était de quinze heures pour les hommes, de douze heures pour les enfants, bien que ces derniers est parfois travaillé quinze heures eux aussi. Quand des fâcheux, des empêcheurs de tourner en rond suggéraient que c’était peut-être trop, ont leur répondait que le travail évitait aux adultes de sombrer dans l’ivrognerie et aux enfants de faire des bêtises. Dans mon enfance, peu après que les travailleurs des villes eurent acquis le droit de vote, un certain nombre de jours fériés furent établis en droit, au grand dam des classes supérieures. Je me rappelle avoir entendu une vieille duchesse qui disait qu’est-ce que les pauvres vont faire avec des congés ? C’est travailler qu’il faut. » De nos jours, les gens sont moins francs, mais conserve les mêmes idées reçues, lesquels sont en grande partie à l’origine de notre confusion dans le domaine économique. Examinons un instant cette morale du travail de façon franche et dénuée de superstition. Chaque être humain consomme nécessairement au cours de son existence une certaine part de ce qui est produit par le travail humain. Si l’on suppose, comme il est légitime, que le travail est dans l’ensemble désagréable, il est injuste qu’un individu consomme davantage qu’il ne produit. Bien entendu, il peut fournir des services plutôt que des biens de consommation, comme un médecin, par exemple ; mais il faut qu’il fournisse quelque chose en échange du gîte et du couvert. En ce sens, il faut admettre que le travail est un devoir, mais en ce sens seulement. Je n’insisterai pas sur le fait que dans toutes les sociétés modernes, mis à part l’URSS, beaucoup de gens échappent même à ce minimum de travail, je veux parler de ceux qui reçoivent de l’argent par héritage ou par mariage. Je pense qu’il est beaucoup moins nuisible de permettre à ces gens-là de vivres oisifs que de condamner ceux qui travaillent à se crever à la tâche à crever de faim. Si le salarié ordinaire travaillait quatre heures par jour, il y aurait assez de tout pour tout le monde, et pas de chômage en supposant qu’on ait recours à un minimum d’organisation rationnelle. Cette idée choc les nantis parce qu’ils sont convaincus que les pauvres ne sauraient comment utiliser autant de loisirs. En Amérique, les hommes font souvent de longues journées de travail même s’ils sont déjà très à l’aise ; de tels hommes sont naturellement indignés à l’idée que les salariés puissent connaître le loisir, sauf sous la forme d’une rude punition pour s’être retrouvé au chômage. En fait, ils exècrent le loisir, même pour leurs fils. Chose pourtant curieuse, alors qu’ils veulent que leur fils travaille tellement qu’ils n’aient pas le temps d’être civilisés, ça ne les dérange pas que leurs femmes et leurs filles n’aient absolument rien à faire. Dans une société aristocratique, l’admiration snobisme voue à l’inutile s’étend aux deux sexes, alors que, dans une ploutocratie, elle se limite aux femmes, ce qui n’est d’ailleurs pas pour la rendre plus conformes au sens commun. Le bon usage du loisir, il faut le reconnaître, est le produit de la civilisation et de l’éducation. Un homme qui a fait de longues journées de travail toute sa vie s’ennuiera s’il est soudain livré à l’oisiveté. Mais sans une somme considérable de loisir à sa disposition, un homme n’a pas accès à la plupart des meilleures choses de la vie. Il n’y a plus aucune raison pour que la majeure partie de la population subisse cette privation ; seul un ascétisme irréfléchi, entretient notre obsession du travail excessif à présent que le besoin s’en fait sentir. Quoi que le nouveau dogme auquel est soumis le gouvernement de la Russie comporte de grandes différences avec l’enseignement traditionnel de l’Occident, il y a certaines choses qui n’ont aucunement changé. L’attitude des classes gouvernantes, en particulier de ceux qui s’occupent de propagande éducative, quant à la dignité du travail, est presque exactement celle que les classes gouvernantes du monde entier ont toujours prêchée à ceux que l’on appelait les bons pauvres ». Être industrieux, sobre, disposés à travailler dur pour des avantages lointains, tout cela revient sur le tapis, même la soumission à l’autorité. D’ailleurs, l’autorité représente toujours la volonté du Maître de l’Univers, lequel, toutefois, est maintenant connu sous le nom de Matérialisme Dialectique. La victoire du prolétariat en Russie a certains points en commun avec la victoire des féministes dans d’autres pays. Durant des siècles, les hommes avaient concédé aux femmes la supériorité sur l’échelle de la sainteté et les avaient consolés de leur infériorité en faisant valoir que la sainteté est plus désirable que le pouvoir. À la fin, les féministes ont décidé qu’elles voulaient les deux, puisque les premières d’entre elles croyaient tout ce que les hommes leur avaient raconté sur l’excellence de la vertu, mais pas ce qu’ils avaient dit quant à l’insignifiance pouvoir politique. Quelque chose d’analogue s’est produit en Russie en ce qui a trait au travail manuel. Pendant des siècles, les riches et leurs thuriféraires ont fait l’éloge de l’honnête labeur », ont vanté la vie simple, ont professé une religion qui enseigne que les pauvres ont bien plus de chances que les riches d’aller au paradis. En général, ils ont essayé de faire croire aux travailleurs manuels que toute activité qui consiste à déplacer de la matière revêt une certaine forme de noblesse, tout comme les hommes ont tenté de faire croire aux femmes que l’esclavage sexuel leur conférait une espèce de grandeur. En Russie, toutes ces leçons portant sur l’excellence du travail manuel ont été prises au sérieux, tant et si bien que le travailleur manuel est placé sur un piédestal. On lance ainsi des appels à une mobilisation, au nom de valeurs essentiellement passéistes, mais pas à des fins traditionnelles, plutôt dans le but de recruter des travailleurs de choc pour des tâches déterminées. Le travail manuel est idéal que l’on présente aux jeunes, il est aussi à la base de toute leçon de morale. Pour l’instant, il est possible que ce soit très bien ainsi. Un pays immense, regorgeant de ressources naturelles, attend d’être développé, et ce développement doit s’effectuer sans qu’on puisse recourir au crédit. Dans de telles circonstances, un travail acharné est nécessaire et portera probablement ses fruits. Mais que va-t-il se passer lorsqu’on aura atteint le point où il serait possible que tout le monde vive à l’aise sans trop travail ? À l’Ouest, nous avons diverses manières de résoudre le problème. En l’absence de toute tentative de justice économique, une grande proportion du produit global va à une petite minorité de la population, laquelle compte beaucoup d’oisifs. Comme il n’existe pas de contrôle central de la production, nous produisons énormément de choses dont nous n’avons pas besoin. Nous maintenons une forte proportion de la main-d’oeuvre en chômage parce que nous pouvons nous passer d’elle en surchargeant de travail ceux qui restent. Quand toutes ces méthodes s’avèrent insuffisantes, nous faisons la guerre nous employons ainsi un certain nombre de gens à fabriquer des explosifs et d’autres à les faire éclater, comme si nous étions des enfants venaient de découvrir les feux d’artifice. En combinant ces divers procédés, nous parvenons, non sans mal, à préserver l’idée que le travail manuel, long et pénible, est le lot inéluctable de l’homme du commun. En Russie, étant donné qu’il y a plus de justice économique et de contrôle centralisé de la production, le problème sera résolu différemment. La solution rationnelle serait, aussitôt qu’on aura subvenu aux besoins essentiels de chacun et assurer un minimum de confort, de réduire graduellement les heures de travail, en laissant à la population le soin de décider par référendum, à chaque étape, s’il vaut mieux augmenter le loisir ou la production. Toutefois, comme les autorités en place ont fait du labeur la vertu suprême, on voit mal comment elles pourront viser un paradis où il y aura beaucoup de loisirs et peu de travail. Il semble plus probable qu’elles trouveront continuellement de nouvelles raisons de justifier le sacrifice du loisir présent au profit d’une productivité future. J’ai lu récemment que des ingénieurs russes ont proposé un plan assez ingénieux pour augmenter la température de la mer Blanche et du littoral septentrional de la Sibérie en construisant un barrage sur la mer de Kara. Projet admirable, mais qui risque de reporter d’une génération le confort des prolétaires, pendant que l’effort laborieux déploie toute sa noblesse parmi les champs de glace et les tempêtes de neige de l’océan Arctique. Si une telle entreprise devait voir le jour, elle ne saurait résulter que d’une conception du travail pénible comme fin en soi, plutôt que comme moyen de parvenir à un état de choses où ce genre de travail ne sera plus nécessaire. Le fait est que l’activité qui consiste à déplacer de la matière, si elle est, jusqu’à un certain point, nécessaire à notre existence, n’est certainement pas l’une des fins de la vie humaine. Si c’était le cas, nous devrions penser que n’importe quel terrassier est supérieur à Shakespeare. Deux facteurs nous ont induit en erreur à cet égard. L’un, c’est qu’il faut bien faire en sorte que les pauvres soient contents de leur sort, ce qui a conduit les riches, durant des millénaires, à prêcher la dignité du travail, tout en prenant bien soin eux-mêmes de manquer à ce noble idéal. L’autre est le plaisir nouveau que procure la mécanique en nous permettant d’effectuer à la surface de la terre des transformations d’une étonnante ingéniosité. En fait aucun de ces deux facteurs ne saurait motiver celui qui doit travailler. Si vous lui demandez son opinion sur ce qu’il y a de mieux dans sa vie, il y a peu de chances qu’ils vous répondent j’aime le travail manuel parce que ça me donne l’impression d’accomplir la tâche la plus noble de l’homme, et aussi par ce que j’aime penser aux transformations que l’homme est capable de faire subir à sa planète. C’est vrai que mon corps a besoin de périodes de repos, où il faut que je m’occupe du mieux que je peux, mais je ne suis jamais aussi content que quand vient le matin et que je peux retourner à la besogne qui est la source de bonheur. » Je n’ai jamais entendu d’ouvriers parler de la sorte. Ils considèrent, à juste titre, que le travail est un moyen nécessaire pour gagner sa vie, et c’est leurs heures de loisir qu’ils tirent leur bonheur, tel qu’il est. On dira que, bien qu’il soit agréable d’avoir un peu de loisirs, s’ils ne devaient travailler que quatre heures par jour, les gens ne sauraient pas comment remplir leurs journées. Si cela est vrai dans le monde actuel, notre civilisation est bien en faute ; à une époque antérieure, ce n’aurait pas été le cas. Autrefois, les gens étaient capables d’une gaieté et d’un esprit ludique qui ont été plus ou moins inhibés par le culte de l’efficacité. L’homme moderne pense que toute activité doit servir à autre chose, qu’aucune activité ne doit être une fin en soi. Les gens sérieux, par exemple, condamnent continuellement l’habitude d’aller au cinéma, et nous disent que c’est une habitude les jeunes au crime. Par contre, tout le travail que demande la production cinématographique est respectable, parce qu’il génère des bénéfices financiers. L’idée que les activités désirables sont celles qui engendrent des profits a tout mis à l’envers. Le boucher, qui vous fournit en viande, et le boulanger, qui vous fournit en pain, sont dignes d’estime parce qu’il gagnait de l’argent ; mais vous, quand vous savourez la nourriture qu’ils vous ont fournie, vous n’êtes que frivole, à moins que vous ne mangiez dans l’unique but de reprendre des forces avant de vous remettre au travail. De façon générale, on estime que gagner de l’argent, c’est bien, mais que le dépenser, c’est mal. Quelle absurdité, si l’on songe qu’il y a toujours deux parties dans une transaction autant soutenir que les clés, c’est bien, mais les trous de serrure, non. Si la production de biens a quelque mérite, celui-ci ne saurait résider que dans l’avantage qu’il peut y avoir à les consommer. Dans notre société, l’individu travaille pour le profit, mais la finalité sociale de son travail réside dans la consommation de ce qu’il produit. C’est ce divorce entre les fins individuelles et les fins sociales de la production qui empêche les gens de penser clairement dans un monde où c’est le profit qui motive l’industrie. Nous pensons trop à la production, pas assez à la consommation. De ce fait, nous attachons trop peu d’importance au plaisir et au bonheur simple, et nous ne jugeons pas la production en fonction du plaisir qu’elle procure aux consommateurs. Quand je suggère qu’il faudrait réduire à quatre le nombre d’heures de travail, je ne veux pas laisser entendre qu’il faille dissiper en pure frivolité tout le temps qui reste. Je veux dire qu’en travaillant quatre heures par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et qu’il devrait pouvoir disposer du reste de son temps comme bon lui semble. Dans un tel système social, il est indispensable que l’éducation soit poussée beaucoup plus loin qu’elle ne l’est actuellement pour la plupart des gens, et qu’elle vise, en partie, à développer des goûts qui puissent permettre à l’individu d’occuper ses loisirs intelligemment. Je ne pense pas principalement aux choses dites pour intellos ». Les danses paysannes, par exemple, ont disparu, sauf au fin fond des campagnes, mais les impulsions qui ont commandé à leur développement doivent toujours exister dans la nature humaine. Les plaisirs des populations urbaines sont devenus essentiellement passifs aller au cinéma, assisté à des matchs de football, écouter la radio, etc. Cela tient au fait que leurs énergies actives sont complètement accaparées par le travail ; si ces populations avaient davantage de loisir, elles recommenceraient à goûter des plaisirs auxquels elles prenaient jadis une part active. Autrefois, il existait une classe oisive assez restreinte et une classe laborieuse plus considérable. La classe oisive bénéficiait davantage qui ne trouvaient aucun fondement dans la justice sociale, ce qui la rendait nécessairement despotique, limitait sa compassion, et l’amenait à inventer des théories qui pussent justifier ses privilèges. Ces caractéristiques flétrissaient quelque peu ses lauriers, mais, malgré ce handicap, c’est à elle que nous devons la quasi-totalité de ce que nous appelons la civilisation. Elle a cultivé les arts et découverts les sciences ; elle a écrit les livres, inventé les philosophies et affiné les rapports sociaux. Même la libération des opprimés a généralement reçu son impulsion d’en haut. Sans la classe oisive, l’humanité ne serait jamais sortie de la barbarie. Toutefois, cette méthode consistant à entretenir une classe oisive déchargée de toute obligation entraînait un gaspillage considérable. Aucun des membres de cette classe n’avait appris à être industrieux, et, dans son ensemble, la classe elle-même n’était pas exceptionnellement intelligente. Elle a pu engendrer un Darwin, mais, en contrepartie, elle a pondu des dizaines de milliers de gentilhomme campagnard dont les aspirations intellectuelles se bornaient à chasser le renard et à punir les braconniers. À présent, les universités sont censées fournir, d’une façon plus systématique, ce que la classe oisive produisait de façon accidentelle comme une sorte de sous-produits. C’est là un grand progrès, mais qui n’est pas sans inconvénient. La vie universitaire est si différente de la vie dans le monde commun que les hommes dans un tel milieu n’ont généralement aucune notion des problèmes et des préoccupations des hommes et des femmes ordinaires. De plus, leur façon de s’exprimer tant à priver leurs idées de l’influence qu’elle mériterait d’avoir auprès du public. Un autre désavantage tient au fait que les universités sont des organisations, et qu’à ce titre, elle ne risquent de décourager celui dont les recherches empreintent des voies inédites. Aussi utile qu’elle soit, l’université n’est donc pas en mesure de veiller de façon adéquate aux intérêts de la civilisation dans un monde où tous ceux qui vivent en dehors de ses murs sont trop pris par leurs préoccupations s’intéresser à des recherches sans but utilitaire. Dans un monde où personne n’est contraint de travailler plus de quatre heures par jour, tous ceux qu’anime la curiosité scientifique pourront lui donner libre cours, et tous les peintres pourront peindre sans pour autant vivre dans la misère en dépit de leur talent. Les jeunes auteurs ne seront pas obligés de se faire de la réclame en écrivant des livres alimentaires à sensation, en vue d’acquérir l’indépendance financière que nécessitent les oeuvres monumentales qu’ils auront perdues le goût et la capacité de créer quand ils seront enfin libres de s’y consacrer. Ceux qui, dans leur vie professionnelle, se sont pris d’intérêt pour telle ou telle phase de l’économie ou du gouvernement, pourront développer leurs idées sans s’astreindre au détachement qui est de mise chez les universitaires, dont les travaux en économie paraissent souvent quelque peu décollés de la réalité. Les médecins auront le temps de se tenir au courant des progrès de la médecine, les enseignants ne devront pas se démener, exaspérés, pour enseigner par des méthodes routinières des choses qu’ils ont apprises dans leur jeunesse et qui, dans l’intervalle, ce sont peut-être révélés fausses. Surtout, le bonheur et la joie de vivre prendront la place de la fatigue nerveuse, de la lassitude et de la dyspepsie. Il y aura assez de travail à accomplir pour rendre le loisir délicieux, mais pas assez pour conduire à l’épuisement. Comme les gens ne seront pas trop fatigués dans leur temps libre, ils ne réclameront pas pour seuls amusements ceux qui sont passifs et insipides. Il y en aura bien 1 % qui consacreront leur temps libre à des activités d’intérêt public, et, comme ils ne dépendront pas de ces travaux pour gagner leur vie, leur originalité ne sera pas entravée et ils ne seront pas obligés de se conformer aux critères établis par de vieux pontifes. Toutefois, ce n’est pas seulement dans ces cas exceptionnels que se manifesteront les avantages du loisir. Les hommes et les femmes ordinaires, deviendront plus enclin à la bienveillance qu’à la persécution et à la suspicion. Le goût pour la guerre disparaîtra, en partie pour la raison susdite, mais aussi parce que celle-ci exigera de tous un travail long et acharné. La bonté est, de toutes les qualités morales, celle dont le monde a le plus besoin, or la bonté est le produit de l’aisance et de la sécurité, non d’une vie de galériens. Les méthodes de production modernes nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l’aisance et la sécurité. Nous avons choisi, à la place, le surmenage pour les uns et la misère pour les autres en cela, nous sommes montrés bien bête, mais il n’y a pas de raison pour persévérer dans notre bêtise indéfiniment.
Téléchargerle livre Autorité et individu L' de Bertrand RUSSELL en Ebook au format PDF sur Vivlio et retrouvez le sur votre liseuse préférée. Un massage pétrit les mots et les idées. Un écrivain britannique écrit sur l'oisiveté. Une Très Grande Vertu l'oisiveté En 1932, le Britannique Bertrand Russell lance un vibrant appel à la civilisation des loisirs et du bien-être. Ses arguments, incompris à l'époque, gardent toute leur saveur près d'un siècle plus tard. Propos visionnaires ? . . . Le bon usage du loisir est le produit de la civilisation et de l’éducation. Un homme qui a fait de longues journées de travail toute sa vie s’ennuie, s’il est soudain livré à l’oisiveté. Privé de loisirs, un homme n’a pas accès aux meilleures choses de la vie. L’homme moderne pense que toute activité doit servir à quelque-chose. Aucune activité ne doit être une fin en soi. Quand je suggère qu’il faudrait réduire à quatre le nombre d’heures de travail par jour, je ne veux pas laisser entendre qu’il faille dissiper en pure frivolité tout le temps qu’il reste. Je veux dire qu’en travaillant quatre heures par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et qu’il devrait pouvoir disposer du reste de son temps comme bon lui semble. L'oisiveté engendre la curiosité La classe oisive a construit la quasi-totalité de ce que nous appelons civilisation. Elle a cultivé les arts, découvert les sciences. Elle a écrit les livres, inventé les philosophies, raffiné les rapports sociaux. Même la libération des opprimés a souvent reçu son impulsion d’en haut. Sans la classe oisive, l’humanité ne serait jamais sortie de la barbarie. Dans un monde où personne ne serait contraint de travailler plus de quatre heures par jour, ceux qu’anime la curiosité scientifique lui donneront libre cours. Les peintres peindront sans pour autant vivre dans la misère en dépit de leur talent. Les jeunes auteurs ne seront pas obligés de se faire de la réclame en écrivant des livres alimentaires. Les médecins auront le temps de se maintenir au courant des progrès de la médecine. Les enseignants ne devront pas se démener pour enseigner par des méthodes routinières des choses qu’ils ont apprises dans leur jeunesse et qui, dans l’intervalle, se sont peut-être révélées fausses. Surtout, le bonheur et la joie de vivre prendront la place de la fatigue nerveuse, de la lassitude et de la dyspepsie 1. À quoi bon travailler à se battre ? Il y en aura bien 1 % qui consacreront leur temps libre à des activités d’intérêt public. Comme ils ne dépendront pas de travaux pour gagner leur vie, leur originalité ne sera pas entravée et ils ne seront pas obligés de se conformer aux critères établis par de vieux experts. Et puis, les hommes et les femmes ordinaires, ayant désormais la possibilité de vivre une existence heureuse, deviendront plus enclins à la bienveillance qu’à la persécution et à la suspicion. Le goût pour la guerre disparaîtra parce que celle-ci exigera de tous un travail long et acharné. La bonté est, de toutes les qualités morales, celle dont le monde a le plus besoin. Or la bonté est le produit de l’aisance et de la sécurité, non d’une vie de galérien. Les méthodes de production modernes nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l’aisance et la sécurité. Nous avons choisi, à la place, le surmenage pour les uns et la misère pour les autres en cela, nous nous sommes montrés bien bêtes. » Mais il n’y a pas de raison pour persévérer dans notre bêtise indéfiniment. » . .• Éloge de l’oisiveté, par Bertrand Russell 1872-1970. Livre écrit en 1932. Mathématicien, logicien, philosophe, écrivain, militant pacifiste, le Britannique Bertrand Russell fut l’un des plus grands intellectuels du XXème siècle. 1 dyspepsie sensation d’inconfort digestif apparaissant après les repas dictionnaire Larousse. . . Je choisis une personne paresseuse pour un travail difficile, car une personne paresseuse va trouver un moyen facile de le faire. » Bill Gates Travailler dur à ne presque rien faire au fil d'un massage ? BertrandArthur William Russell, 3 e comte Russell, né le 18 mai 1872 à Trellech (Monmouthshire, pays de Galles), et mort le 2 février 1970 près de Penrhyndeudraeth, au pays de Galles, est un mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique. Russell est considéré comme l'un des philosophes les plus

Les méthodes de production modernes ont rendu possibles le confort et la sécurité pour tous ; à la place, nous avons choisi le surmenage pour les uns et la famine pour les autres. Jusqu’à présent nous avons continué à déployer la même activité qu’au temps où il n’y avait pas de machines ; en cela nous nous sommes montrés stupides, mais rien ne nous oblige à persévérer éternellement dans cette stupidité. Bertrand Russell, Eloge de l’oisiveté, 1932 1 NDT Syndrome d’épuisement professionnel. 1Quatre-vingt ans et une crise économique mondiale plus tard, notre intelligence n’a manifestement guère progressé, au contraire si depuis lors la productivité du travail dans l’industrie et l’agriculture s’est vue grosso modo décuplée, on ne peut pas dire qu’elle ait apporté à tous confort et sécurité. L’Europe, qui certes, pour le moment, s’est sort encore relativement bien, assiste à une hausse record de son taux de chômage. Quant aux quelques îlots qui demeurent compétitifs au plan global, ils luttent depuis des années déjà contre les nouvelles pandémies provoquées par la contraction progressive de l’offre de travail du burn-out-syndrom1 à la mort subite due au surmenage en passant par la consommation routinière de produits psychopharmaceutiques. 2Gardons-nous cependant d’imaginer que cette ardeur excessive au travail constatée par Russell ne serait rien d’autre qu’une habitude devenue obsolète et qu’il nous suffirait de laisser tomber – une habitude héritée du temps où il n’y avait pas de machines. Au Moyen Age, où le travail comme fin en soi était chose inconnue, on travaillait en fait moins qu’aujourd’hui. La raison en est simple le travail tel que nous l’entendons, c’est-à-dire la dépense abstraite d’énergie humaine indépendamment de tout contenu particulier, est historiquement spécifique. On ne le rencontre que sous le capitalisme. Dans n’importe quelle autre formation sociale, l’idée aujourd’hui si universellement répandue selon laquelle un travail, quel qu’il soit, vaut mieux que pas de travail » aurait paru, à juste titre, complètement délirante. 3Ce délire est le principe abstrait qui régit les rapports sociaux sous le capitalisme. Si l’on fait abstraction des activités criminelles, le travail – qu’il s’agisse du nôtre ou de l’appropriation de celui d’autrui – est pour nous l’unique moyen de participer à la société. Mais, en même temps, il ne dépend pas du contenu de l’activité en question ; que je fasse pousser des pommes de terre ou que je fabrique des bombes à fragmentation n’a aucune importance, du moment que mon produit trouve un acheteur et transforme ainsi mon argent en davantage d’argent. Base de la valorisation de la valeur, le travail constitue une fin en soi et un principe social contraignant dont l’unique but consiste à accumuler toujours plus de travail mort » sous forme de capital. 2 On trouvera cette citation et presque toutes les suivantes sur le très intéressant site internet ww ... 4Une contrainte à laquelle tout est soumis dans la même mesure ne se maintiendra durablement qu’à condition que ceux qu’elle ligote apprennent à aimer leurs chaînes. En cela aussi la société bourgeoise se distingue des précédentes. D’Aristote à Thomas d’Aquin en passant par Augustin, les philosophes de l’Antiquité et du Moyen Age ont célébré l’oisiveté – et surtout pas le travail – comme la voie menant à une vie heureuse2 Au dire de la plupart des hommes, le bonheur ne va pas sans le plaisir. Aristote 384 – 322 av. Ethique à Nicomaque L’apprentissage de la vertu est incompatible avec une vie d’artisan et de manœuvre. Aristote, Politique Quittons ces vaines et creuses occupations abandonnons tout le reste pour la recherche de la vérité. Augustin 354 – 430 ap. Les Confessions Absolument et de soi la vie contemplative est plus parfaite que la vie active. Thomas d’Aquin 1125 – 1274, Somme théologique 5D’autres ne seront pas du même avis, tels par exemple les fondateurs de certains ordres monastiques qui verront dans le travail un moyen d’atteindre l’ascèse et l’abstinence. Mais c’est seulement au protestantisme qu’il reviendra d’en faire un principe à grande échelle, appliqué à l’ensemble de la population L’oisiveté est péché contre le commandement de Dieu, car Il a ordonné qu’ici-bas chacun travaille. Martin Luther 1483 – 1546 6Et les Lumières n’auront de cesse d’élever l'ethos du travail, autrement dit l’obligation morale de travailler, au rang de fin en soi Il est de la plus haute importance que les enfants apprennent à travailler. L’homme est le seul animal qui doit travailler. Kant, Réflexions sur l’éducation, 1803 La plus grande perfection morale possible de l’homme est de remplir son devoir et par devoir. Kant, Principes métaphysiques de la morale, 1797 Il n’existe qu’une seule échappatoire au travail faire travailler les autres pour soi. Kant, Critique du jugement, 1790 De ces trois vices la paresse, la lâcheté, la fausseté, le premier semble être le plus méprisable. Kant, Anthropologie d’un point de vue pragmatique, 1798 Que l’on s’informe tout particulièrement sur les personnes qui se distinguent par une conduite indigne ! On découvrira invariablement soit qu’elles n’ont pas appris à travailler, soient qu’elles fuient le travail. Fichte, Discours à la nation allemande, 1807 7Comme il apparaît déjà dans les dernières citations, l’amour du travail s’avère étroitement lié à la haine des oisifs Chacun doit pouvoir vivre de son travail, dit un principe avancé. Ce pouvoir-vivre est donc conditionné par le travail et n’existe nullement là où la condition ne serait pas remplie. Fichte, Fondement du droit naturel, 1796 Dans les pays chauds, l’homme est mûr plus tôt à tous égards mais n’atteint pas la perfection des zones tempérées. L’humanité dans sa plus grande perfection se trouve dans la race blanche. Les Indiens jaunes n’ont que peu de capacités, les Noirs leur sont bien inférieurs encore, et au plus bas de l’échelle se placent certaines peuplades américaines. Kant, Géographie physique, 1802 Le barbare est paresseux et se distingue de l’homme civilisé en ceci qu’il reste plongé dans son abrutissement, car la formation pratique consiste précisément dans l’habitude et dans le besoin d’agir. Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1820 8Ces propos excluants et racistes sous la plume des philosophes des Lumières ne sont nullement de simples accidents de parcours mais relèvent au contraire de l’essence même de l’idéologie du travail. Parce que ce courant de pensée transfigure le travail en véritable but de l’existence de l’homme », tous les désœuvrés se voient par contrecoup exclus de la race humaine » l’homme est tenu de travailler ; partant, celui qui ne travaille pas ne peut prétendre au statut d’être humain à part entière. 3 NDT Allusion à la vision nazie mais qui est aussi celle d’une partie de la gauche opposant un bo ... 9Ce qui s’exprime ici, c’est la colère du bourreau de travail blanc envers la pression qu’il s’est lui-même imposée, une colère qui prend pour cible tout ce qui fait mine de ne pas se soumettre à ladite pression et de mener une existence oisive les femmes, en charge de la vraie vie » au sein de la sphère privée – dissociée du travail – de la famille bourgeoise ; toutes sortes de peuples les attributions sont, cette fois, plus variées vivant, sans travailler, d’amour et d’eau fraîche ; ou encore le capital accapareur3 », qui s’approprie sans travailler la survaleur créée par d’autres. Les idéologies modernes du sexisme, du racisme, de l’antitsiganisme et de l’antisémitisme sont fondées, elles aussi, sur l'ethos du travail. 4 NDT Le championnat fédéral allemand. 5 NDT Le championnat européen. 10À partir des années 1970, en faisant disparaître du procès de production des quantités toujours croissantes de travail, le potentiel de rationalisation de la microélectronique a plongé le capitalisme dans la crise. Pour autant, la pression intérieure et extérieure qui pousse les hommes à travailler n’a pas diminué mais s’est même au contraire accentuée à mesure que se raréfiaient les emplois ». Pour les laissés pour compte, les conditions se sont durcies ils sont désormais trop nombreux pour que leur entretien humain reste longtemps encore compatible avec le maintien de la compétitivité au plan global. La nécessité incontournable de ramener les hommes au travail » Angela Merkel ne fait qu’obscurcir la perception du problème la responsabilité du chômage ne serait plus imputable à la disparition progressive du travail mais aux chômeurs eux-mêmes, qu’il faudrait par conséquent ramener, par tous les moyens de coercition dont on dispose, à un travail qui n’existe plus. Quelque chose de semblable se déroule également au niveau européen on impose aux pays en faillite » restés à la traîne de l’Europe des politiques d’austérité grâce auxquelles ils sont censés, une fois cette pénible épreuve traversée, redevenir compétitifs. C’est aussi crédible que si la Fédération allemande de football prétendait, par un entraînement approprié, hisser tous à la fois les dix-huit clubs de la Bundesliga4 aux quatre places possibles en Ligue des champions5. 11Il n’y a manifestement d’issue que dans l’abolition du travail, mais cela implique bien sûr d’abolir également le capitalisme. S’y oppose en outre notre ethos du travail, fruit de plusieurs siècles de dressage D’aucuns diront qu’il est certes agréable d’avoir un peu de loisir, mais que les gens ne sauraient pas comment remplir leurs journées s’ils n’avaient à travailler que quatre heures par jour. Dans la mesure où cela est vrai dans le monde moderne, cela constitue un reproche adressé à notre civilisation ; à toute autre époque antérieure, ce n’aurait pas été le cas. Bertrand Russell, Eloge de l’oisiveté, 1932 12Le sort que Hegel assignait aux barbares » nous revient donc celui qui est sans emploi n’a plus qu’à rester plongé dans son abrutissement ». Autrement dit si le sujet bourgeois répugne tellement à imaginer sa vie sans le travail, c’est aussi parce que derrière son ethos du travail rôde la peur panique de sa propre vacuité.

Élogede l'oisiveté . par Bertrand Russell. Comme la plupart de ma génération, j'ai été élevé sur le dicton: «Satan trouve quelque méfait à faire pour des mains oisives. Étant un enfant très vertueux, j'ai cru tout ce qu'on m'a dit et j'ai acquis une conscience qui m'a permis de travailler dur jusqu'à présent. Mais bien que ma conscience ait contrôlé mes actions, mes Est-ce que nous faisons assez de place à l’oisiveté dans nos vies? Photo Spencer Selover via Pexels Dans son magnifique essai de 1932 intitulé Éloge de l’oisiveté », le philosophe Bertrand Russell a écrit En effet, j’en suis venu à penser que l’on travaille beaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense […] ». Ces mots pourraient nous inspirer une solution à la crise climatique. Russell préconisait une diminution graduelle du travail rémunéré à quatre heures par jour une façon selon lui de favoriser le plein emploi, de faire plus de place aux loisirs créatifs et de contribuer au bien commun. Dans un monde où personne n’est contraint de travailler plus de quatre heures par jour, tous ceux qu’anime la curiosité scientifique pourront lui donner libre cours, et tous les peintres pourront peindre sans pour autant vivre dans la misère », a-t-il écrit. Dans les années 1930, Russell, on le comprend, ne parlait pas de protection environnementale, même s’il faisait allusion à la capacité de l’être humain à transformer la planète. Mais, pourquoi ne pas pousser sa pensée plus loin et voir dans l’oisiveté une solution climatique ? Sa théorie porte sur le travail rémunéré. Mais elle pourrait également constituer un appel à une diminution de l’activité générale, une invitation à rester tranquille. Tout ce que nous faisons requiert de l’énergie. Faire quelque chose, c’est polluer. C’est participer au réchauffement. C’est, en fait, contribuer à l’urgence climatique. Lorsque mes enfants étaient petits, nous avions un pédiatre perspicace qui abordait les maladies bénignes en ces termes Eh bien, nous pouvons essayer un médicament ou nous pouvons ne rien faire ». Il m’a appris que d’attendre avant d’agir peut, dans certains cas, s’avérer un choix judicieux. Alors, quand devrions-nous pratiquer l’oisiveté ? Le problème ne réside pas tant dans les déplacements alimentés par les combustibles fossiles que dans les déplacements en général. Le problème n’est pas seulement que nous bougeons, mais que nous bougeons trop. Prenons le transport. Les environnementalistes nous incitent à abandonner les véhicules à essence au profit de modèles électriques. Ces derniers sont parfaits et font certainement partie de la solution à l’urgence climatique, mais nous devons peut-être en faire plus. Le problème ne réside pas tant dans les déplacements alimentés par les combustibles fossiles que dans les déplacements en général. Le problème n’est pas seulement que nous bougeons, mais que nous bougeons trop. En effet, même les véhicules électriques contribuent à la crise environnementale. Outre les conséquences écologiques liées à leur fabrication, ils peuvent favoriser d’autres activités néfastes pour le climat, comme prendre sa Tesla pour se rendre chez le boucher ou à l’aéroport. La solution optimale n’est pas de se déplacer en voiture électrique, mais de s’interroger sur la nécessité de nos déplacements. La meilleure chose à faire est peut-être d’en faire moins. Dans cette même veine, nous pourrions envisager de dormir davantage. Lorsque nous dormons, nous utilisons moins d’appareils électriques et d’éclairage, moins d’eau chaude, de chauffage et de climatisation. Le temps passé sous les couvertures n’est pas passé derrière le volant. À l’échelle du Canada, si nous dormions une heure, voire une demi-heure, de plus par nuit, nous réduirions considérablement notre consommation de combustibles, sans compter les bienfaits qu’en retireraient les personnes en manque de sommeil. Et si nous encouragions les gens à faire une sieste durant la journée ? L’idée vous semble peut-être farfelue, mais les situations critiques requièrent des mesures novatrices. Et si nous encouragions les gens à faire une sieste durant la journée ? L’idée vous semble peut-être farfelue, mais les situations critiques requièrent des mesures novatrices. Les écoles et entreprises pourraient installer des lits pliants, et demander à tous d’éteindre les lumières et appareils et de s’étendre durant 30 minutes. Nous pourrions appeler cette pause le siesta-club ». Il est clair que certains n’y participeraient pas, mais ceux qui le feraient trouveraient sûrement cela très revigorant. Des villes comme Tokyo, Londres et New York ont maintenant des bars à sieste » et des cafés à sieste ». À Toronto, l’entreprise Nap It Up loue des lits pour des siestes de 25, 55 ou 85 minutes. Tout comme les ours sont peu menaçants durant leur hibernation, les humains réduisent leur potentiel destructeur lorsqu’ils dorment. Inactifs, nous sommes moins nuisibles. Et dites-vous que Bouddha n’a atteint le nirvana que lorsqu’il a choisi de cesser toute activité. Il s’est simplement assis sous un vieux figuier des pagodes ! Il ne s’agit pas de pratiquer une oisiveté générale, mais plutôt une oisiveté sélective. En matière d’activisme climatique, par exemple, il faudrait en faire plus, pas moins. Nous devons mobiliser davantage de personnes et étendre notre influence. Cela dit, là encore, l’inaction a sa place. Les environnementalistes sont souvent invités dans le cadre de leur travail à parcourir de longues distances pour se rendre à des conférences. Ils devraient se sentir légitimés de refuser ces invitations. Si une rencontre n’est pas essentielle, une notion qui n’est pas toujours facile à définir, ils devraient envisager la possibilité de rester chez eux. La maladie impose l’oisiveté. Elle exige une période d’alitement et de repos non négociable, question de se rétablir. La situation climatique exige de la société une telle oisiveté. Nous devons écouter notre milieu malade ; nous devons écouter notre planète en crise. Nous devons, à tout le moins, ralentir. AGISSEZ CHEZ VOUS Traduction Monique Joly et Michel Lopez Dansun court texte, Bertrand Russell a écrit, en 1930, un éloge de l'oisiveté Nous pourrions dire de la paresse, même, mais non, c'est plutôt un éloge aux loisirs. Il dénonce les problèmes causés par le travail, et surtout par l'importance que nous lui donnions.
Eloge de l'oisiveté - E-book - PDF L'Éloge de l'oisiveté est une pépite dénichée dans l'ouvre immense et protéiforme de Bertrand Russell. Dans la grande tradition des essayistes anglais... Lire la suite 3,99 € E-book - PDF Ebook Téléchargement immédiat 3,99 € Grand format Actuellement indisponible 6,20 € Vous pouvez lire cet ebook sur les supports de lecture suivants Téléchargement immédiat Dès validation de votre commande Offrir maintenant Ou planifier dans votre panier L'Éloge de l'oisiveté est une pépite dénichée dans l'ouvre immense et protéiforme de Bertrand Russell. Dans la grande tradition des essayistes anglais Swift, Stevenson, il manie le paradoxe pour s'attaquer aux fondements mêmes de la civilisation moderne. Derrière l'humour et l'apparente légèreté du propos se cache une réflexion de nature à la fois philosophique et politique qui s'exprime avec une ironie mordante "Il existe deux sortes de travail le premier consiste à déplacer une certaine dose de matière à la surface de la terre ; le second à dire à quelqu'un d'autre de le faire." Date de parution 12/12/2012 Editeur ISBN 978-2-84485-664-7 EAN 9782844856647 Format PDF Nb. de pages 48 pages Caractéristiques du format PDF Pages 48 Taille 10 004 Ko Protection num. Digital Watermarking
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LEloge de l'oisiveté est une pépite dénichée dans l'oeuvre immense et protéiforme de Bertrand Russel. Dans la grande tradition des essayistes anglais (Swift, Stevenson), il manie le paradoxe pour s'attaquer aux fondements mêmes de la civilisation moderne. Derrière l'humour et l'apparente légèreté du propos se cache une réflexion de Ainsi que la plupart des gens de ma génération, j’ai été élevé selon le principe que l’oisiveté est mère de tous les vices. Comme j’étais un enfant pétri de vertu, je croyais tout ce qu’on me disait, et je me suis ainsi doté d’une conscience qui m’a contraint à peiner au travail toute ma …Pour parler sérieusement, ce que je veux dire, c’est que le fait de croire que le TRAVAIL en lettres majuscules dans le texte est une vertu est la cause de grand maux dans le monde moderne, et que la voie du bonheur et de la prospérité passe par une diminution méthodique du travail.…Il existe deux types de travail le premier consiste à déplacer une certaine quantité de matière se trouvant à la surface de la Terre, ou dans le sol même ; le second, à dire à quelqu’un d’autre de le faire. Le premier type de travail est désagréable et mal payé. Le second type est agréable et très bien payé. Le second type de travail peut s’étendre de façon illimitée il y a non seulement ceux qui donnent des ordres, mais aussi ceux qui donnent des conseils sur le genre d’ordres à donner.…Quand je suggère qu’il faudrait réduire à quatre le nombre d’heures de travail, je ne veux pas laisser entendre qu’il faille dissiper en pure frivolité tout le temps qu’il reste. Je veux dire qu’en travaillant quatre heures par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et qu’il devrait pouvoir disposer de son temps comme bon lui semble.…Autrefois, il existait une classe oisive assez restreinte et une classe laborieuse plus considérable. La classe oisive bénéficiait d’avantages qui ne trouvaient aucun fondement dans la justice sociale, ce qui la rendait nécessairement despotique, limitait sa compassion, et l’amenait à inventer des théories qui pussent justifier ses privilèges. Ces caractéristiques flétrissaient quelque peu ses lauriers, mais, malgré ce handicap, c’est à elle que nous devons la quasi totalité de ce que nous appelons la civilisation. Elle a cultivé les arts et découvert les sciences ; elle a écrit les livres, inventé les philosophies et affiné les rapports sociaux. Même la libération des opprimés a généralement reçu son impulsion d’en haut. Sans la classe oisive, l’humanité ne serait jamais sortie de la barbarie.…Les méthodes de production, modernes, nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l’aisance et la sécurité. Nous avons choisi, à la place, le surmenage pour les uns et la misère pour les autres en cela, nous nous sommes montrés bien bêtes, mais il n’y a pas de raison pour persévérer dans notre bêtise indé Russell Letexte au format EPUB à télécharger (Un fichier de 164 K.) Une édition électronique réalisée à partir du texte de Bertrand Russell, Éloge de l’oisiveté. Première édition, 1932, Routledge and The Bertrand Russell Peace Fondation. Paris: Éditions Allia, 2002, pour la traduction française, 40 pp. Traduit de l’anglais par Michel Parmentier. Quand je suggère qu'il faudrait réduire à quatre le nombre d'heures de travail, je ne veux pas laisser entendre qu'il faille dissiper en pure frivolité tout le temps qu'il reste. Je veux dire qu'en travaillant quatre heures par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et qu'il devrait pouvoir disposer de son temps comme bon lui justement, actuellement beaucoup de gens pourraient ne travailler que 4 heures et avoir suffisamment d'argent pour manger et se loger. Beaucoup de gens peuvent faire ce choix, mais choisissent de continuer à fond, qu'est-ce qu'il veut ? Que "la société" impose de force aux gens de ne travailler que 4h ? C'est stupide. S'il veut laisser le choix, alors dans ce cas, le capitalisme permet déjà son utopie pour pas mal de gens en dans tous les cas, sa théorie est basée sur une conception simplette, infantile et fausse et typiquement de gauche du travail le travail serait une quantité fixe à se répartir au mieux entre la population. Même avant la mise en place des 35h, les économistes prévenaient que c'était des âneries, et la mise en place effective des 35h l'a bien montré ça n'a absolument pas réduit le chômage à moyen et long réalité, le travail crée du travail. Le travail permet aux entreprises de grossir, et donc d'embaucher plus. Le travail permet à de nouvelles entreprises de se créer, et de produire mieux, ce qui augmente mécaniquement le pouvoir d'achat et donc la richesse de toute la population, ce qui augmente la consommation et le besoin de produire, et donc les y aura assez de travail à accomplir pour rendre le loisir délicieux, mais pas assez pour conduire à l’épuisement… Les hommes et les femmes ordinaires, ayant la possibilité de vivre une vie heureuse, deviendront plus enclins à la bienveillance qu’à la persécution et à la suspicion. Le goût pour la guerre disparaÃtra, en partie pour la raison susdite, mais aussi parce que celle-ci exigera de tous un travail long et acharné.La première partie de cette citation est une théorie de bisounours qui se révèle fausse une fois confrontée aux faits. Le manque de travail génère énormément de problèmes chez pas mal de gens délinquance, drogue, violence... Quant à la deuxième partie sur la guerre, c'est également faux. L'Histoire occidentale récente montre que c'est précisément l'inverse le capitalisme a permis un enrichissement massif de la population, et des échanges économiques entre les pays, qui n'ont du coup plus d'intérêt à se faire la guerre, parce que désormais les pays dépendent les uns des autres pour s'enrichir politique engagé, pacifiste convaincu lors de la Première Guerre mondiale, Bertrand Russell, alors socialiste modéré, opte pour une non intervention relative pendant la Seconde Guerre interventionniste pendant la seconde guerre mondiale ? Il voulait laisser l'Europe en pâture à l'Allemagne nazie ? Quel grand homme décidément !
Descriptiondu livre Eloge de l'Oisiveté : Eloge de l'Oisiveté a été écrit par Bertrand Russell qui connu comme un auteur et ont écrit beaucoup de livres intéressants avec une grande narration. Eloge de l'Oisiveté a été l'un des livres de populer sur 2016. Il contient 38 pages et disponible sur format . Ce livre a été très surpris en raison de sa note
vblc.
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